La Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) a organisé, le 10 juin 2023, à Pearl Hotel de Bujumbura, l’«Atelier de réflexion sur le rôle de la jeunesse estudiantine dans la promotion et protection des droits de l’homme ».
Dans son discours d’ouverture, le président de la CNIDH, Dr Sixte Vigny Nimuraba, a indiqué que l’objectif de l’activité est de sensibiliser et engager la jeunesse estudiantine ciblée dans la promotion et la protection des droits de l’homme.
Au total, plus de 120 Etudiants, venus de plusieurs Universités et Instituts d’enseignement supérieur, y ont pris part. Cette participation massive s’explique par le fait que l’éducation aux droits de l’homme est la clé pour asseoir la paix, l’harmonie sociale et le développement durable.
Ce renforcement de capacités en matière des droits de l’homme est un gage de la démocratie et la prospérité. Les jeunes étudiants doivent donc développer des compétences nécessaires en vue de se transformer en vecteurs de changement des mentalités et ainsi impulser le développement du pays. C’est pourquoi chacun des étudiants a été interpelé pour apporter sa pierre à l’édification d’une société pacifique, solidaire et prospère, fondée sur la liberté, l’égalité et la dignité.
Le choix porté sur les jeunes étudiants n’est pas un hasard. Ils constituent plutôt une catégorie sociale pleine de connaissances diverses, d’énergie et d’initiatives pour booster le développement socio-économique.
Le pays compte sur eux, car ils seront bientôt appelés pour mettre à contribution les compétences et connaissances acquises dans l’avancement des différents secteurs de la vie nationale. C »est ainsi que, Dr Sixte Vigny Nimuraba leur a rappelé que « la science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Les droits de l’homme est un concept transversal qui, une fois intégré dans leur comportement, permettra à chacun et à tous d’assumer ses responsabilité avec efficacité partout et en tout. Donc, la CNIDH a eu la bonne raison de réunir ces étudiants- futurs cadres du pays, pour partager les valeurs positives universelles, qui, proclamées en 1948 à travers la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), demeurent d’actualité pour donner le sens à la vie et le visage humain au monde en perpétuelle mutation.
En conclusion, la promotion et la protection des droits de l’homme requièrent un travail en synergie et itératif en vue de maintenir la société en harmonie et surtout redonner l’espoir de vivre aux âmes brisées.
Missions et pouvoirs de la CNIDH
Pour aider les participants à mieux s’imprégner des droits de l’homme, des thèmes choisis répondaient mieux aux attentes des apprenants novices. De surcroît, les experts qui les ont développés étaient suffisamment expérimentés pour une interaction fructueuse.
En effet, le premier thème portait sur « Missions, Mandat et pouvoirs de la CNIDH ». Il a été présenté par Commissaire Consolate Habimana. D’emblée, l’oratrice a précisé que la triple mission a été assignée à la Commission par la Loi n°1/04 du 5 janvier 2011, à savoir : la protection des droits de l’homme, la promotion des droits de l’homme et le rôle consultatif auprès des institutions.
Elle a précisé que la CNIDH est indépendante, pluraliste et accessible. Indépendante par ce qu’aucun organe étatique ne peut lui donner des injonctions dans l’accomplissement de ses missions. Pluraliste, car sa composition respecte les équilibres constitutionnels et genre : 4 hommes et 3 femmes d’appartenances socio-professionnelles diverses. Accessible, la CNIDH peut être saisie par écrit, verbalement, appel gratuit ou whatsApp au Siège et dans ses 4 antennes régionales de Bujumbura, Gitega, Ngozi et Makamba.
Concernant le mandat des membres de la Commission, il est de 4 ans renouvelable une fois et il est irrévocable. Pendant ou après son mandat , aucun membre de la Commission ne peut être poursuivi, recherché ou arrêté, détenu ou jugé pour des opinions émises ou actes posés dans l’exercice de ses fonctions. Ils sont justiciables devant la Cour Suprême. La Commission jouit d’une autonomie administrative et financière. Elle gère son budget d’une manière indépendante suivant les normes et les procédures de gestion de comptabilité publique.
Qu’en est-il de son pouvoir ? La CNIDH dispose des pouvoirs d’investigation les plus étendus sur toutes les questions relevant de sa compétence. Elle dispose d’un accès libre à toute source d’information et exploite toutes les sources licites d’information : plaintes, dépositions, déclarations, rapports officiels, etc. Elle peut se faire communiquer par voie licite tout document détenu par l’administration ou les particuliers. Elle peut solliciter l’assistance de la police, le concours ou l’expertise de tout autre service ou toute personne pour mieux accomplir ses missions. Cependant, la CNIDH déclare irrecevable des requêtes fondées sur des rumeurs et celles ne relevant de ses compétence ainsi que des affaires pendantes devant les juridictions.
Ethique et déontologie estudiantines :piliers de la réussite
Le deuxième thème intitulé « Ethique et Déontologie Estudiantines » a été présenté par Dr Sixte Vigny Nimuraba, Président de la CNIDH.
Il a abordé le concept d’éthique et le types d’éthique qui convergent vers la conduite irréprochable et la manière de bien faire. Pour lui, l’éthique repose sur le principe d’Ubuntu (humanité) qui est une valeur fondamentale pour nos sociétés africaines et les universités du monde entier.
Les principes fondamentaux en sont l'intégrité et l'honnêteté, la liberté académique ; la responsabilité et la compétence ; le respect mutuel ; l'exigence de vérité scientifique, d'objectivité et d'esprit critique ; l'équité et le respect des franchises, pour ne citer que ceux-ci.
L’orateur a indiqué que les droits de l'étudiant sont nombreux pour avoir une formation et un encadrement de qualité, dans un environnement marquée par la sécurité, la liberté, la justice, l’équité, l’impartialité et la dignité. Ces éléments vont concourir à réussir dans sa formation et ses travaux de recherche à temps.
Cependant, l'étudiant a à son tour des devoirs notamment le respect de la législation en vigueur, des libertés et droits des autres ; la probité intellectuelle ; la bonne conduite dans l’environnement de vie et l’entretien du patrimoine social ou culturel commun mis à sa disposition.
L’expert a terminé son exposé par les éléments qui caractérisent la violation des droits de l’homme, à savoir : l’action ou omission d’un agent de l’Etat, en faveur ou non de la jouissance des droits de 1ère, 2ème ou 3ème génération. En principe, les responsabilités d’un agent de l’Etat en matière de droits de l’homme l’astreignent à servir son peuple, représenter le chef de l’Etat dans sa circonscription, être un modèle pour le reste de la population et montrer l’image du pays à travers les actions et comportements. D’où l’impératif de se familiariser avec des principes fondamentaux des droits de l’homme en vue de se préparer à satisfaire aux attentes de la nation.
La diversité des droits de l’homme
Le troisième thème « Comprendre la notion des droits de l’homme » a été animé par le Commissaire Maître Jacques Nshimirimana.
Avant tout, il a défini les droits de l’homme comme étant un ensemble de droits fondamentaux qui protègent les valeurs humaines, à savoir la liberté, l’égalité et la dignité. Ils sont indivisibles, universels et interdépendants. Ils sont liés à la personne humaine dès sa naissance et juridiquement contraignants pour les Etats et opposables à tous.
Selon Me Jacques Nshimirimana, les droits de l’homme sont subdivisés en plusieurs catégories. D’abord, les droits civils et politiques qui comprennent la vie, la sécurité, l’intégrité et libertés fondamentales.
Ensuite, les droits économiques, sociaux et culturels qui concernent la nourriture, la santé, l’éducation, le logement, le travail, le transport, la participation à la vie culturelle, etc. Par ailleurs, il y a les droits catégoriels concernant les groupes spécifiques de personnes, comme les femmes, enfants, handicapés et travailleurs migrants. L’orateur a terminé sa liste par les droits collectifs dont la libre détermination, le développement, l’environnement ou la paix.
Les mécanismes internationaux qui garantissent les droits de l’homme sont l’Assemblée générale des Nations Unies, les organes des traités, le Conseil des droits de l’homme à travers l’Examen Périodique Universel et les Procédures spéciales.
Pour terminer son propos, l’exposant a montré le Burundi a régulièrement ratifié dix textes internationaux relatifs aux droits de l'homme et qui font partie intégrante de la Constitution : (1) Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ; (2) Pacte International Relatif aux Droits Civils et Politiques ; (3) Pacte International Relatifs aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels ; (4) Convention Internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ; (5)Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ; (6) Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées ; (7) Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ;(8)Convention internationale sur les droits de l’enfant ; (9) Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, et, (10) Convention internationale sur les droits des personnes handicapées.
Universitaires en action pour la promotion du droit à la santé
Le dernier exposé portait sur le « Rôle de la jeunesse universitaire dans la promotion et protection des droits de l’homme : Expérience de l’Association des étudiants en Médecine de l’Université du Burundi dans la promotion du droit à la santé ». Il a été présenté par Yves NSABIMANA, étudiant en Médecine. Il est président de l’Association Burundaise des Etudiants en Médecine (ABEM), qui vient de totaliser 21 ans d’existence.
De l’intérieur du pays aux fora internationaux, Cette association affiche un dynamisme sans précédent pour faire avancer le droit à la santé, en synergie avec leurs congénères des quatre coins du monde. Elle est membre de la Fédération Internationale des Associations des Etudiants en Médecine (IFMSA), reconnue par l’OMS et l’ONU, et le réseau international des chirurgiens (International InciSioN Global). Leur rêve se résume en ce bout de phrase : « l’accès aux services de santé est mon droit, ton droit et notre droit ».
Pour l’orateur, le droit à la santé est reconnu à tout être humain à travers la constitution de l’Organisation mondiale de la santé (OM), la Déclaration Universelle des droits de l’homme (DUDH), le Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels (PIRDESC), les Objectifs du développement durable (ODD n°3.8), la Constitution du Burundi et la couverture sanitaire universelle (CSU) qui prend racine dans la « Stratégie mondiale de la santé pour tous », lancée par l’OMS en 1979.
Les membres de l’ABEM inscrivent sur leur actif les activités humanitaires, le renforcement des capacités de ses membres, le dépistage et la sensibilisation, la promotion de la santé des jeunes et adolescents. Ils apprennent aussi des expériences des autres à travers les formations, les campagnes de plaidoyer et les conférences internationales.
Avant de clôturer les activités de cet atelier, le Président de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH), Dr Sixte Vigny Nimuraba, dont le souci permanent est de faire avancer les droits de l’homme au Burundi, les a encouragés d’aller toujours de l’avant. De par leur dynamisme et diverses connaissances, il les a exhortés à contribuer au changement des mentalités de la population et à s’ériger en véritables artisans de la promotion du droit à la santé- et des autres droits- partout et en tout temps.
Publiée le 22/06/2023 à 15h06min Partager